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Les belligérants au Soudan acceptent une nouvelle trêve

Les camps des deux généraux en guerre au Soudan ont accepté une trêve de 24 heures, a annoncé, ce vendredi, le médiateur saoudien, alors que des affrontements se poursuivent aux abords du plus important complexe militaire du pays.

La trêve doit s'appliquer "dans tout le Soudan à partir de (samedi) 10 juin à 06H00, heure de Khartoum" (04H00 GMT), a indiqué dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères saoudien.

Il s'agit d'une énième trêve, après de nombreuses autres qui n'ont quasiment pas été respectées, dans cette guerre déclenchée le 15 avril entre l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo.

Les parties se sont engagées à cesser les violences pendant la durée de la trêve et à permettre "l'arrivée de l'aide humanitaire dans tout le pays", selon le communiqué.

Le commandement général des forces armées se réserve toutefois le "droit de répondre à toute violation que les rebelles pourraient commettre" durant la trêve, a-t-il déclaré sur Facebook.

"Nous réitérons notre plein engagement en faveur du cessez-le-feu", ont ensuite réagi les paramilitaires.

"Nous espérons que l'armée respectera la trêve et n'entravera pas les efforts d'aide humanitaire", ont-ils ajouté dans un communiqué.

La guerre a déjà fait plus de 1.800 morts, selon l'organisation ACLED, spécialisée dans la collecte d'informations dans les zones de conflit, ainsi que deux millions de déplacés et réfugiés selon l'ONU.
Dans les zones de combat, qui se déroulent principalement dans la capitale Khartoum et la vaste région de Darfour (ouest), les ONG ne cessent d'alerter sur la détérioration de la situation humanitaire.

"A Khartoum, nous estimons que seuls 20% des établissements de santé fonctionnent encore", a déploré vendredi le patron du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Alfonso Verdu Perez, lors d'une conférence de presse à Genève.

"Ces dernières semaines, nous avons réussi à livrer du matériel chirurgical à dix hôpitaux" de la capitale, "mais les besoins sont immenses et il reste encore beaucoup à faire", a-t-il ajouté, soulignant de graves pénuries d'eau, d'électricité, de nourriture et de fournitures médicales.

"Si les parties ne respectent pas le cessez-le-feu de 24 heures, les médiateurs devront envisager d'ajourner les discussions de Jeddah", ont prévenu, dans le communiqué, les médiateurs saoudiens et américains qui supervisent des négociations depuis des semaines entre les deux camps en Arabie saoudite.

Ryad avait déclaré la semaine dernière chercher avec les Américains à "poursuivre les discussions" pour parvenir à un cessez-le-feu "effectif", après que les négociations ont été officiellement suspendues.

Persona non grata
En visite mercredi à Ryad, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré que Washington et Ryad avaient à coeur de "poursuivre leur solide coopération et de mettre fin aux combats au Soudan."

Sur le plan diplomatique, le gouvernement soudanais a déclaré dans la nuit de jeudi à vendredi persona non grata l'émissaire de l'ONU au Soudan, l'Allemand Volker Perthes, l'accusant d'avoir pris partie dans le conflit.

Cette mesure a été décidée à la suite du refus de l'ONU de remplacer ce diplomate, parce que M. Perthes "a pris position pour certains partis politiques et insisté que la vie politique n'inclut que certains partis et en exclut d'autres", selon une source gouvernementale sous couvert d'anonymat.
Fin mai, dans une lettre au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le chef de l'armée soudanaise avait réclamé le limogeage de M. Perthes, l'accusant d'être responsable de la guerre.

M. Perthes --qui était jeudi à Addis Abeba, en Ethiopie, pour une série d'entretiens diplomatiques selon l'ONU-- avait alors reçu la "confiance absolue" de M. Guterres et de plusieurs pays du Conseil de sécurité des Nations unies.

Sur le terrain, les affrontements se poursuivent vendredi aux abords du plus important complexe militaire du Soudan, l'usine Yarmouk à Khartoum, ont indiqué des témoins à l'AFP.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des témoins ont fait état d'un énorme bruit et du déclenchement d'un incendie après l'explosion d'un réservoir de l'installation pétrolière d'Al-Shajara, près du site de Yarmouk.

Les combats y durent depuis plus de 48 heures, affirment-ils.

Des affrontements à l'artillerie ont également eu lieu vendredi à Omdurman, ville de la banlieue de Khartoum, selon des témoins.

Mercredi, les paramilitaires avaient annoncé "une nouvelle victoire avec la prise du complexe de Yarmouk et de ses dépôts de munitions", assurant que les soldats de l'armée étaient en déroute.

Visibles à plus de 10 km, des colonnes de fumée s'élèvent dans le ciel de la capitale. Les quartiers de l'est ont été frappés vendredi par des bombardements aériens, selon des habitants qui disent entendre régulièrement le bruit sourd des canons antiaériens.
 

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